Les pèlerinages du Loiret au long des siècles
Le catalogage des "Annales Religieuses et Littéraires de la Ville et du Diocèse d'Orléans" nous entraîne sur des chemins inexplorés, presque oubliés et fait naître des projets un peu fou.
En effet, il nous paru important de recenser et faire revivre dans nos mémoires les très nombreux pèlerinages qui émaillèrent notre département pendant de nombreuses décennies (voire des siècles).
A ce jour nous avons pu en recenser 124 : 124 lieux du Loiret animés par une piété incroyable, dans des villes et villages. Bien sûr il fallait aussi compter sur les pèlerinages nationaux tels que Lourdes, Paray le Monial, Jérusalem qui existaient déjà eux aussi.
Via un blog internet, nous avons entrepris d'écrire et de reprendre tout (ou partie) des textes que nous trouvons sur ces pèlerinages plus ou moins connu. A noter les 4 grands pèlerinages du Loiret : Ferrières et Cléry qui existent toujours, mais aussi Saint Benoît et Combreux.
Nous vous invitons à suivre nos avancées sur ce thème, au gré de nos découvertes. Des cartes postales anciennes illustrent ces pèlerinages.
N'hésitez pas à apporter votre contribution si vous possédez des témoignages, des écrits ou des mémoires de village qui pourrait nous faire avancer dans ce travail.
Nous vous souhaitons autant de plaisir à découvrir ces pèlerinages que nous en avons à les recenser.
Pèlerinage de Saint Posen à Châtillon sur Loire
Chatillon sur Loire (Guide du Val de Loire mystérieux)

La commune possède une fontaine sacrée placée sous le patronage de saint Posen. Ce vertueux berger, né au 6e siècle, se rendait chaque matin au bourg de Bonny-sur-Loire, afin d’y être instruit et affermi dans la foi chrétienne. Avant d’entreprendre ces pieuses démarches, il se contentait de tracer avec sa houlette un cercle à l’entour de ses ouailles ; et celles-ci, enchantées, ne vaguaient jamais au-delà. Il évangélisa la région, puis se retira dans son village natal de Santranges, où il mourut.
Sa fête était célébrée le 17 juin par les bergers qui venaient nombreux à Chatillon en l’honneur de ce saint protecteur des troupeaux (Cf Duchateau, Histoire du Diocèse d’Orléans). Une petite chapelle fut édifiée sur sa tombe et, à proximité, s’établit le monastère de Nacré. A la fin du 10e siècle, Aimon le Fort, seigneur du lieu, en fit donation aux moines de Fleury qui substituèrent à la chapelle l’église de Chatillon sur Loire, placée sous le vocable de saint Maurice.
Vers 997, un humble porcher simple d’esprit, nommé Constant, découvrit la sépulture de Saint Posen, grâce à une triple révélation miraculeuse. On s’empressa de porter la précieuse dépouille en l’église priorale, où elle devint rapidement le but d’un pèlerinage fréquenté.
Des miracles variés eurent lieu sur ce tombeau : guérison d’une femme informe, d’une possédée, châtiment d’un soudard, etc. Le plus curieux de ces miracles est sans doute celui-ci dont André de Fleury, qui le rapporte assure avoir été le témoin : une jeune fille aveugle ayant recouvré la vue grâce au saint homme Posen, fit devant sa sépulture le voeu de lui vouer sa vie. Peu de temps après, infidèle à sa promesse, elle quitta Chatillon. A peine en avait-elle franchi les limites qu’à nouveau elle perdit la vue. Force lui fut de revenir sur ses pas. Arrivée près des saintes reliques, ses yeux revirent le jour ; et, conclut André, elle fut forcée de rester dans ce lieu béni, qu’elle n’aurait jamais dû quitter. Posen était donc parfois exclusif ; s’il tenait ses promesses, il aimait aussi qu’on fasse de même à son endroit.
In Duchâteau, Histoire du Diocèse d’Orléans
Vers 997, Abbon apprit la découverte des reliques du prêtre saint Posen dans l'église du prieuré de Châtillon-sur-Loire, par suite d'une révélation faite à un pauvre pâtre des environs. Le prieur recueillit ce trésor avec une profonde reconnaissance, et le plaça au-dessus de l'autel, dans une châsse qui devint bientôt le but d'un pèlerinage très fréquenté.
In Annales Religieuses et Littéraires de la Ville et du Diocèse d’Orléans – Tome 10
Les vendredis blancs à Chatillon-sur Loire - Théophile Cochard – 1869
« Il manque quelque chose à la gloire humaine des Saints qui n’ont pas été entourés d’un culte populaire, qui n’ont pas reçu, en même temps que les hommages de l’Eglise, ce tribut d’humble amour et d’intime confiance qui se paye sous le chaume, au coin du feu de la veillée, de la bouche et du cœur des simples et des pauvres » (M. de Montalembert dans l’introduction à la Vie de saint Elisabeth).
En effet, saint Posen est considéré comme le protecteur des troupeaux. Rien n’est plus naturel qu’une telle croyance, comme rien n’est plus surnaturel que la dévotion qui en découle.
Les troupeaux ont un ennemi par le fait même qu’ils appartiennent à l’homme. C’est le démon. Habile et rusé il nous attaque par l’endroit le plus sensible : l’homme des villes par le plaisir, l’homme des champs par la peine. Or un des plus sensibles peines que ce dernier puisse ressentir, c’est de se voir frustré du fruit de ses sueurs. Satan donc le tente, à la manière de Job, en semant la stérilité dans ses champs et la maladie parmi ses troupeaux.
Entre toutes les maladies qui affligent le bétail, il en est une, mystérieuse, foudroyante, que nos paysans redoutent. Au dire de ces bonnes gens, c’est là une maladie terrible. Une de leurs bêtes en est-elle atteinte ? elle n’a plus d’appétit : prise d’un tremblement convulsif, elle tournoie sur elle-même comme mue par quelque ressort invisible ; elle écume, se roidit et meurt après quelques jours d’horribles souffrances. De l’aveu même des hommes instruits dans l’art de soigner les bestiaux, c’est aussi une maladie incurable. Aussi bien la science humaine dans son impuissance à la guérir n’a-t-elle jamais osé lui donner un nom. Le nom de ce mal étrange, car il en a un, il le tien de la foi de nos populations rurales qui l’appellent la maladie de saint Posen ; car elles sont persuadées que saint Posen, comme berger doit s’intéresser aux troupeaux, et qu’il peut, comme saint, obtenir de Dieu le pouvoir de les préserver et de les guérir de ce mal qui les décime. Cette croyance et cette confiance font tout le fonds de la dévotion populaire que la gent pastorale a vouée depuis des siècles au saint Curé de Châtillon. De là, ces voyages, qui, chaque jour se font à l’église de Châtillon, lesquels prennent les proportions d’un concours publics les trois derniers vendredis de Carême, connus en Berry sous le nom de vendredis blancs. On les appelle ainsi, parce que autrefois les pèlerins faisaient bénir à l’église des faisceaux de bâtons blancs, ou de baguettes de coudrier, dont ils avaient enlevé l’écorce, et qui devaient leur servir à toucher leurs brebis et aussi, parce que dans la messe du jour le prêtre se revêtait d’ornements blancs, qui formaient un certain contraste avec les ornements violets en usage pendant la Sainte-Quarantaine (le Carême NDLR)
Le second des vendredis blancs, l’intérieur de l’église de Châtillon offre un spectacle aussi curieux qu’édifiant. Ce jour-là, en effet, les bergères venues de loin et à jeun, occupent silencieusement la grande nef. Au lieu de la baguette traditionnelle de coudrier, qu’elles portaient jadis en signe de leur souveraineté pastorale, elles tiennent à la main et allumée une modeste chandelle ou un petit cierge de cire, et égrènent fort dévotement leur gros chapelet à grains noirs ou bleus, pendant que le prêtre dit la sainte Messe. A la fin des saints mystères celui-ci bénit en masse le pain, le seul et l’eau puisée à la fontaine de saint Posen, que lui présente chaque pèlerin, et sur la tête de chaque bergère récite avec l’étole un passage de l’Évangile selon saint Matthieu, qu’il termine par l’invocation du sain. Les bergères mettent fin à leurs dévotions envers le bon saint Posen, en s’agenouillant au pied de sa statue, devant laquelle elles déposent leur cierge toujours allumé, ou une poignée de laine et même une toison entière. Ceci fait, elles retournent à leurs chaumières et à leurs champs aussi pieusement qu’elles en sont parties.
Voilà ce que nous avons vu, mais ce que nous ne saurions exprimer comme il faut, c’est la foi naïve et confiante avec laquelle se font ces pieux voyages : elle nous a toujours paru celle à qui Dieu a promis ses grâces et ses prodiges.
Pèlerinage de Saint Béthaire à Bazoches-les-Gallerandes
In Annales religieuses et littéraires de la Ville et du Diocèse d'Orléans 1867
Le dimanche, 24 novembre, l'église de Bazoches-les-Gallerandes célébrera la fête de saint Béthaire. Nous le savons, le zélé curé de cette paroisse est aujourd'hui impatient de rendre à cette solennité traditionnelle son ancien éclat, et de relever avec le culte du patron de son peuple, l'antique pèlerinage qui, aux âges de foi, attirait à pareille époque des milliers de pèlerins autour de la châsse de ce saint.

Aussi, ne pouvant dès aujourd'hui insérer, sur l'origine et l'histoire de ce pèlerinage, de rares et précieux documents qu'on nous a généreusement transmis, nous nous empressons cependant d'analyser, mais en quelques lignes seulement, cette page intéressante de notre histoire religieuse.
Né à Rome, à la fin du 6e siècle d'une famille illustre, Béthaire, bien jeune encore, et récemment arrivé dans les Gaules, se fixa dans un ermitage à trois lieues de Blois. Ordonné prêtre à Chartres, et devenu célèbre par sa science et ses vertus, il fut, vers l'an 620, appelé comme chapelain à la cour de Clotaire II. Elu évêque de Chartres, peu après, il s'opposa à l'invasion des Bourguignons. Mais moins heureux que saint Aignan d'Orléans, que saint Loup de Troyes, il ne put sauver ni son peuple ni sa ville épiscopale du carnage et de l'incendie.
Toutefois, le farouche Théodoric, désarmé, vaincu par la majesté et la douleur du pontife, après avoir brisé ses fers et lui avoir rendu tout ce qui restait encore de la ville saccagée et de son peuple dispersé, se jeta repentant aux pieds du vieil évêque, et, avec son pardon, implora pour lui et pour ses soldats agenouillés la bénédiction du saint pontife que l'Église de Chartres honore encore comme son évêque, son patron, son sauveur.
Le tombeau de saint Béthaire, placé non loin de Blois, dans son ancien ermitage, devenu célèbre, a donné origine au village et à l'église qui portent son nom. Mais la tête du saint évêque n'est plus là. Apportée dans l'église de Bazoches, elle y est, depuis bien des siècles, l'objet d'un culte spécial et d'une dévotion traditionnelle.
Et ici, qu’on nous permette de citer quelques lignes extraites d'un travail que M. l'abbé Gabriel Leroy se propose, croyons-nous, de publier un jour et de dédier à ses nouveaux et chers paroissiens. Voici ces lignes dont l'authentique est dans les archives de Bazoches-les-Gallerandes :
« En vertu d'une tradition immémoriale, conservée de bouche en bouche, on tient pour certain et véritable que lesdites saintes reliques du chef de saint Béthaire furent, par le vouloir de Dieu, apportées audit Bazoches, par une personne inconnue. Elles étaient enveloppées de linges; déposées sur des pierres près de l'église, elles y demeurèrent immobiles sans que ledit personnage inconnu les pût ôter de leur place, quelque effort qu'il y fît. Autour de lui alors accoururent et se serrèrent les habitants qui s'étaient trouvés à l'église : par eux fut fouillé ledit linge dans lequel ils découvrirent la relique avec un grand écrit de parchemin où on reconnut que c'était le chef de saint Béthaire, en son temps évêque de Chartres, qui vivait du temps du roi Clotaire II, vers l'an 620.
Alors ils se mirent tous en dévotion, et il fut fait par le curé une procession à laquelle assistèrent les paroissiens. Ensuite ils enlevèrent les saintes reliques, et les portèrent avec grande révérence dans l'église où elles sont toujours restées depuis, et où elles reposent encore aujourd'hui, Elles y ont opéré de grands miracles, donnant, par leur intercession, santé et guérison à plusieurs personnes et aux petits enfants, pour les fièvres jaunes, tierces et quartes, langueurs et autres maladies, qui interviennent au peuple, De là vient que presque tous les jours il se trouve plusieurs personnes en voyage, qui y font leur neuvaine, et reçoivent guérison de leurs maladies par l'intercession desdites saintes reliques.
Ce précieux trésor, après avoir été pieusement soustrait et pendant les guerres de religion aux injures des Huguenots, et pendant la grande révolution aux sacrilèges des profanateurs, est heureusement arrivé intact jusqu'à nos jours. Et la ville de Bazoches, justement glorieuse de son privilège, et fidèle à ses traditions, célébrera demain la fête patronale de son église, de sa confrérie et de son pèlerinage. »
La Chasse de saint Béthaire, exposée pendant huit jours dans le chœur de l'église de Bazoches, visitée par de nombreux pèlerins, atteste, elle aussi, que le peuple n'a pas oublié les pieuses traditions de ses pères, qu’il les aime, et qu'il s'efforce de plus en plus de les faire revivre parmi nous.
Pèlerinage à Sainte Claire en l'église de Tigy

Extrait d'une feuille paroissiale d'août 1967
Sainte Claire a sa statue dans l’église de Tigy. Elle a été remise en honneur dans la chapelle des fonds baptismaux.
Autrefois, il y avait à Tigy, un pèlerinage d’une certaine importance où Sainte Claire d’Assise, patronne des aveugles et des handicapés de la vue, était célébrée. Des documents paroissiaux en font foi. On y venait recevoir des « évangiles » ; on y faisait bruler des cierges ; on y buvait l’eau de la « Source Sainte Claire », située derrière l’église. (Source si souvent détériorée par les enfants avant et après son heureuse restauration). Des grâces étaient obtenues.
Si à Tigy, on a perdu le souvenir et le culte de Sainte Claire et de son pèlerinage, ceux-ci ont conservé des racines en Eure-et-Loir et en Loir-et-Cher… Mr le Curé reçoit de temps en temps de ces départements des demandes de prières à Sainte Claire.
Une tentative timide de résurrection de cet antique pèlerinage sera faite le dimanche 13 août. [1967]
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